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ce qui résultera de ce que quelques originaux, quelques fous, laboureront, coudront des bottes, etc., au lieu de fumer des cigarettes, de jouer au whist et d’aller partout porter leur ennui, les dix heures que chaque homme intellectuel a de libres par jour.

Il en résultera que ces fous montreront dans la réalité que cette propriété imaginaire, pourquoi les hommes souffrent, se tourmentent et tourmentent les autres, n’est pas nécessaire au bonheur, qu’elle est gênante et n’est qu’une superstition ; que la vraie propriété n’est que celle de notre tête, de nos bras, de nos jambes, et que, pour exploiter avec utilité et joie cette vraie propriété, il faut rejeter la représentation mensongère sur la propriété en dehors de notre corps, qui nous fait dépenser les meilleures forces de notre vie.

Il en résultera que les hommes montreront que c’est seulement quand l’homme cesse de croire en la propriété imaginaire qu’il acquiert sa vraie propriété, ses capacités, son corps, de sorte qu’ils lui donneront doubles fruits et un bonheur dont il n’avait pas idée ; et il deviendra si utile, si fort, si bon, que n’importe où il sera jeté il tombera toujours sur ses pieds, partout il sera un frère pour tous, il sera nécessaire à tous, qui le comprendront et le chériront.

Et les hommes, en voyant ainsi une dizaine de ces fous, comprendront que tous doivent faire en