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la chose essentielle, la plus simple, tant qu’ils ne l’ouvriront pas.

La question qui semble insoluble, c’est la vieille question de la jouissance par les uns du travail des autres. En notre temps, elle s’exprime dans l’institution de la propriété. Autrefois, on jouissait du travail des autres, tout simplement par la violence, par l’esclavage ; en notre temps, cela se fait par l’institution de la propriété.

La propriété, en notre temps, est le clou de tout le mal : des souffrances des hommes qui en sont privés, des reproches de la conscience des hommes qui en abusent et du danger des chocs entre ceux qui l’ont en grandes proportions et ceux qui en sont privés.

La propriété est le pivot du mal, et, en même temps, c’est la chose vers quoi est dirigée toute l’activité de notre société contemporaine, ce qui guide l’activité de tout notre monde.

Les états, les gouvernements intriguent et font la guerre à propos de la possession des bords du Rhin, des terres en Afrique et en Chine, dans les provinces des Balkans. Les banquiers, les commerçants, les fabricants, les propriétaires fonciers travaillent, s’ingénient, se tourmentent et tourmentent les autres à cause de la propriété. Les fonctionnaires, les artisans travaillent, trompent, oppriment, souffrent à cause de la propriété. Les tribunaux, la police gardent la propriété, les bagnes,