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tir, dans ce sens, signifie ne pas avoir peur de la vérité, ne pas inventer et ne pas accepter les ruses inventées par les hommes pour se dissimuler les conclusions de la raison et de la conscience ; ne pas avoir peur de se séparer de tout entourage et rester seul avec sa raison et sa conscience ; ne pas avoir peur de la situation où amènera la vérité, en croyant fermement que la situation où amèneront la vérité et la conscience, quelque étrange qu’elle soit, ne peut être pire que celle qui est basée sur le mensonge. Ne pas mentir, dans notre situation de gens privilégiés, de travailleurs intellectuels, signifie ne pas avoir peur de faire son bilan. Peut-être doit-on déjà tant qu’on ne peut pas payer. Mais quelque forte dette qu’on ait, ce sera toujours mieux que de ne pas du tout payer ; quelque chemin qu’on ait parcouru dans la voie du mensonge, il vaut toujours mieux s’arrêter que de continuer d’y marcher.

Le mensonge devant les autres n’est que désavantageux. Chaque affaire se décide toujours mieux et plus vite par la vérité que par le mensonge.

Le mensonge devant les autres ne fait qu’embrouiller les affaires et retarde leur solution. Mais le mensonge devant soi-même donné pour la vérité perd toute la vie de l’homme.

Si, l’homme, se plaçant dans la voie mensongère, la reconnaît pour la vraie, alors chaque pas