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XXXV

Dire que l’activité de la science et de l’art — ou ce qu’on appelle maintenant de ce nom, — a aidé au progrès de l’humanité, c’est la même chose que dire que le rabouillage inexpérimenté d’une rame qui empêche d’avancer le bateau qui descend le courant, aide au mouvement du bateau. Il ne fait que l’empêcher. Ce qu’on appelle la division du travail, c’est-à dire la spoliation du travail d’autrui devenue de nos jours la condition de l’activité des savants et des artistes, était et reste la cause principale de la lenteur du progrès de l’humanité. La preuve en est dans cet aveu de tous les hommes de la science, que les acquisitions de la science et des arts sont inaccessibles aux masses ouvrières à cause de la mauvaise distribution des richesses.

Mais l’irrégularité de cette distribution, à mesure du développement des sciences et des arts, ne diminue pas, elle augmente. Et ce n’est pas étonnant,