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le travail du peuple qu’avons-nous fait progresser ?

Nous avons catalogué deux millions d’insectes ! Est-ce que nous avons apprivoisé un seul animal depuis les temps bibliques quand tous nos animaux étaient depuis longtemps apprivoisés ? L’élan, le cerf, la perdrix et d’autres oiseaux, restent toujours sauvages. Les botanistes ont découvert la cellule, dans la cellule le protoplasme, dans le protoplasme quelque autre chose, puis encore autre chose. Évidemment ces travaux ne finiront pas de longtemps, car ils ne peuvent avoir de fin. Ainsi les savants n’ont pas le temps de s’occuper de ce qui est nécessaire aux hommes. C’est pourquoi, depuis l’antiquité égyptienne et hébraïque, quand lentille et blé existaient déjà, jusqu’à nos jours, aucune plante nouvelle ne s’est ajoutée à la nourriture du peuple, sauf la pomme de terre, et celle-ci n’a pas été acquise par la science.

On a inventé les torpilles, les pèse-alcool, les water-closet ; et le rouet, le métier, la charrue, la hache, le fléau, le râteau, la grue, le seau sont restés ce qu’ils étaient du temps de Rurik. Et s’il y a quelque chose de changé ce n’est pas par les hommes de science.

Il en va de même avec l’art. Nous avons promu une masse d’hommes grands écrivains. Nous avons critiqué tous ces écrivains jusqu’aux moindres détails ; nous avons écrit des montagnes de