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nous n’ajoutons pas notre admiration personnelle mais cette mesure sur quoi l’on se base pour défendre la division du travail : l’utilité de celle-ci pour le peuple ouvrier, nous verrons que nous n’avons pas encore de base solide pour ce contentement de soi auquel nous nous abandonnons si volontiers.

Un paysan voyage en chemin de fer. Une femme achète du calicot. L’izba est éclairée par la lampe et le paysan allume sa pipe avec une allumette. C’est commode, mais de quel droit puis-je dire que les chemins de fer et les fabriques ont été de quelque utilité au peuple ?

Si le paysan va en chemin de fer et achète lampe, coton, allumettes, c’est seulement parce qu’on ne peut pas le défendre aux paysans. Nous savons tous que la construction des chemins de fer et des fabriques n’a jamais été faite pour l’utilité du peuple, alors pourquoi donner comme preuve de l’utilité pour le peuple la commodité de ces inventions dont l’ouvrier jouit incidemment, par hasard ? Nous savons tous que les techniciens et les capitalistes qui ont construit les chemins de fer et les fabriques, s’ils ont pensé aux ouvriers, n’ont pensé qu’au moyen de leur tirer leur dernier sou. Et comme on le voit, chez nous, en Europe et en Amérique ils y sont arrivés parfaitement.

Dans tout ce qui cause un dommage, il y a quelque chose d’utile. Après l’incendie on peut se chauf-