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Si maintenant l’ouvrier peut aller en chemin de fer au lieu de marcher à pied, en revanche, le chemin de fer brûle son bois, emporte sous son nez le blé, et le ramène à l’état où il est presque l’esclave du propriétaire de chemin de fer.

Si, grâce aux moteurs à vapeur et aux machines, l’ouvrier peut acheter du mauvais calicot, en revanche ces moteurs et ces machines l’ont privé du grain gardé à la maison et l’ont mis en état d’esclavage absolu vis-à-vis des fabricants.

S’il y a des télégraphes dont il ne lui est pas défendu de jouir, mais dont ses moyens lui interdisent l’usage, en revanche chacun de ses produits lui est pris, sous le nez, par les capitalistes, à des prix très minines, et précisément grâce au télégraphe, avant que l’ouvrier sache qu’il y a demande de ce produit.

S’il y a des téléphones, des télescopes, des vers, des romans, des théâtres, des ballets, des symphonies, des opéras, des galeries de tableaux, etc., la vie de l’ouvrier, à cause de tout cela, ne s’est pas améliorée, car tout cela, par le même hasard malheureux, lui est inaccessible.

De sorte qu’en général, en quoi les gens de science sont d’accord, jusqu’ici toutes ces inventions extraordinaires et œuvres d’art, si elles n’ont pas aggravé la vie de l’ouvrier, en tout cas ne l’ont pas améliorée. De sorte que si, à la question de la réalité du succès atteinte par la science et l’art,