Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/310

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vieille devint inutile, la foule regarda là-bas, dans le temple mystérieux des pontifes, et elle s’aperçut qu’il n’y avait rien, sauf des mots obscurs, insensés. Cela s’est passé de mon temps.

Quand commença ma vie consciente, l’Hégelianisme était la base de tout ; il était dans l’air ; il s’exprimait dans les articles de journaux, les revues, les nouvelles, les traités, l’art, l’histoire, les sermons, les conversations. Qui ne connaissait pas Hégel n’avait pas le droit de parler. Qui voulait savoir la vérité étudiait Hégel.

Tout s’appuyait sur lui, et voilà, quarante ans s’écoulèrent et il n’en reste plus rien, pas même le souvenir, il semble n’avoir jamais existé. Le plus étonnant c’est que le faux christianisme, de même que l’Hégelianisme, tomba non parce que quelqu’un le détruisit, le démentit, non, il est tel qu’il était, mais il arriva tout d’un coup que ni l’un ni l’autre n’étaient nécessaires au monde savant instruit.

Si nous racontons maintenant à un homme nouveau, instruit, la chute de l’ange, celle d’Adam, la rédemption, non seulement il ne se mettra pas à discuter, à en prouver l’impossibilité, mais il demandera avec étonnement : quel ange ? pourquoi Adam ? quelle rédemption ? En quoi cela rn’intéresse-t-il ? La même chose avec l’Hégelianisme. L’homme nouveau ne discutera pas mais s’étonnera seulement : quel esprit ? d’où vient-il ? pour-