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connues aux hommes du dix-neuvième siècle. On connaissait Rousseau et Pascal, Lessing et Spinosa et toute la sagesse de l’antiquité, mais aucune n’a gagné la foule. On ne peut dire aussi que le succès d’Hégel dépendît de l’harmonie de ses théories. Il y avait les théories aussi logiques de Fichte et de Schopenhauer. Il n’y avait qu’une raison pour laquelle cette doctrine devînt rapidement la croyance de tout le monde. Cette raison était comme celle du succès de la théorie de la chute et de la rédemption de l’homme, que les conclusions de cette théorie philosophique flattaient les faiblesses humaines.

Elle disait : tout est raisonnable, tout est bien, personne n’est coupable en rien. Et en effet, de même que la théologie sur la théorie de la rédemption, les philosophes ont construit leur tour de Babel sur les principes d’Hégel (maintenant quelques-uns s’y attardent encore), et de même les langues se sont confondues, ils ont senti qu’ils ne savaient pas eux-mêmes ce qu’ils disaient ; et de même, soigneusement, sans porter la querelle au dehors, ils tâchent de soutenir leur autorité devant la foule ; et de même la foule exige la confirmation de ce qui lui convenait et croit que ce qui lui semblait vague et contradictoire est clair comme le jour, là-bas, sur les hauteurs philosophiques. Mais avec le temps cette théorie se démoda ; à sa place il en parut une nouvelle, la