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avait déjà tant vu, se tut et sanglota en se retournant vers le mur. Voici ce qu’il m’a raconté. Tout était vrai, j’ai contrôlé son récit sur place et j’ai appris encore de nouveaux détails que je raconterai en même temps.

Dans ce logement de nuit, au rez-de-chaussée, au no 32, où mon ami passait la nuit parmi divers passants, hommes et femmes qui, pour cinq kopeks, s’entassaient ensemble, se trouvait une blanchisseuse, une femme de trente ans, blonde, douce, le visage propre, l’air maladif. La propriétaire du logis était la maîtresse d’un batelier. Pendant l’été son amant tient un bateau et l’hiver, ils vivent en hospitalisant les passants : trois kopeks sans oreiller, cinq kopeks avec oreiller. La blanchisseuse vivait là depuis quelques mois. C’était une femme douce, mais, dans les derniers temps, on ne l’aimait pas parce qu’elle toussait et empêchait les locataires de dormir.

Une vieille femme de quatre-vingts ans, à demi folle, et une autre locataire détestaient particulièrement la blanchisseuse et l’injuriaient sans cesse parce qu’elle les empêchait de dormir en toussant toute la nuit comme une brebis.

La blanchisseuse se taisait ; elle devait pour le loyer et pour cette raison, se sentant coupable, elle devait être douce. Elle ne pouvait pas aller travailler aussi souvent, elle n’avait pas de forces ; c’est pourquoi elle ne pouvait payer la logeuse ; de