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Vous demandez : le fait que le gouvernement peut, de son plein gré, élever et abaisser les prix, et en augmentant les impôts réduire en esclavage tous les hommes qui n’ont pas de terre, n’a-t-il pas d’influence sur les conditions économiques ? La science, de l’air le plus sérieux, répond : Nullement. Les lois de la production, de l’échange, de la distribution, sont une science, et les impôts, et en général la gestion de l’État, une autre science : le droit financier.

Vous faites remarquer enfin que le peuple se trouve sous le joug du gouvernement ; que celui-ci peut, quand il lui plaît, ruiner tous les hommes, s’emparer de tous les produits de leur travail, et même les y arracher en les incorporant dans ses régiments pour en faire des esclaves militaires. Et vous demandez s’il n’en résulte pas une influence quelconque sur les conditions économiques ? À cela la science ne se donne pas même la peine de répondre, c’est une affaire tout à fait à part : le droit constitutionnel. La science étudie très sérieusement les lois de la vie économique des peuples dont toute l’activité dépend de la volonté des conquérants, en reconnaissant l’arbitraire de ces derniers comme une condition naturelle de la vie du peuple. La science fait ce que ferait celui qui étudierait les conditions économiques de la vie des esclaves soumis à divers maîtres sans prendre en considération l’influence exercée sur cette vie par