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sement complet d’un travailleur, les trois vis sont nécessaires, et dans notre société on emploie toujours les trois moyens : les trois vis sont toujours vissées.

Le premier moyen, l’asservissement par la violence personnelle et la menace de meurtre par l’épée ne cessera jamais tant qu’il existera un asservissement quelconque des hommes par les autres hommes ; car tout asservissement est basé sur ce moyen. Nous sommes tous naïvement persuadés que l’esclavage personnel est anéanti dans notre monde civilisé, que les derniers vestiges en ont disparu en Amérique et en Russie, et qu’il n’existe plus que chez les barbares. Nous oublions seulement une petite circonstance : ces armées de centaines de millions de soldats sans lesquelles il n’y a pas un seul État, et dont la disparition entraînerait celle de l’état économique de chaque pays. Or que sont ces millions de soldats sinon les esclaves personnels de ceux qui les dirigent ? Ne sont-ils pas forcés de remplir toute la volonté de leurs possesseurs sous menaces de torture et de mort, menaces souvent mises à exécution ?

Il n’y a qu’une différence : la soumission de ces esclaves ne s’appelle pas l’esclavage, mais la discipline, et les uns étaient esclaves de la naissance à la mort, ceux-ci le sont pour un temps plus ou moins court, appelé service.

Non seulement l’esclavage personnel n’est pas