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troisième moyen, la situation des opprimés devient beaucoup plus pénible, et ils sont privés de la plus grande partie des produits de leur travail, puisque par ce moyen, le nombre de ceux qui profitent des travaux des autres devient encore plus grand, et que par suite, le fardeau de leur entretien pèse sur un nombre moindre. Le troisième moyen d’asservissement des hommes est aussi très vieux et s’emploie en même temps que les deux premiers qu’il n’exclut point complètement.

Les trois moyens d’asservissement des hommes ne cessent jamais d’exister. On peut les comparer à trois vis qui serrent une planche posée sur les ouvriers et qui les presse. La vis principale, celle du milieu, sans laquelle ne peuvent se tenir les autres, est celle qui se visse la première, et qui ne cède jamais : c’est celle de l’esclavage personnel, de l’asservissement des uns par les autres au moyen de la menace du meurtre, au moyen de l’épée. La deuxième vis, qui se place après la première, est celle de l’asservissement des hommes par la privation de la terre et des réserves de nourriture, la privation soutenue par les menaces personnelles du meurtre ; et la troisième vis c’est l’asservissement des hommes par l’extorsion d’argent qu’ils n’ont pas ; ce procédé est aussi soutenu par les menaces de meurtre.

Les trois vis sont vissées ; quand l’une est plus serrée, les autres ont plus de jeu. Pour l’asservis-