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XX

Tout asservissement d’un homme par un autre n’est basé que sur ce fait qu’un homme peut priver l’autre de la vie, et, restant dans cette situation menaçante, forcer l’autre à accomplir sa volonté. On peut dire sans erreur que, s’il y a l’asservissement d’un homme — c’est-à-dire que cet homme accomplit, non par sa volonté mais par celle d’un autre, des actes qui ne sont pas avantageux pour lui — la cause n’en est que dans la violence qui porte à sa base la menace de priver de la vie. Si un homme donne tout son travail aux autres, se nourrit insuffisamment, envoie à de durs travaux ses petits enfants, se détache de la terre, consacre toute sa vie à un travail détesté et inutile, comme cela se passe sous nos yeux, dans notre monde (que nous appelons civilisé parce que nous y vivons), alors on peut affirmer qu’il le fait seulement pour s’émanciper de la menace de privation