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leurs de profiter des forces de ce petit peuple. Ces moyens sont très simples et viennent naturellement à l’esprit de chaque homme.

Le premier moyen, c’est l’esclavage personnel. Ce moyen a un défaut, il oblige à diriger toutes les forces ouvrières du petit peuple et à les nourrir tous. Alors se présente naturellement le deuxième moyen : laisser le peuple sur sa terre, reconnaître cette terre pour la sienne et la partager à la troupe, et, par son intermédiaire, profiter du travail du peuple. Mais ce moyen a aussi ses inconvénients. La troupe a besoin de disposer de tous les produits du petit peuple, et on invente un troisième moyen, aussi primitif que les deux premiers : exiger des vaincus un certain tribut. Le but du conquérant est de prendre aux vaincus le plus possible des produits de leur travail.

Évidemment, pour prendre le plus possible, le conquérant doit prendre les objets qui ont le plus de prix parmi ce peuple, et qui en même temps ne sont pas trop volumineux et peuvent se conserver : les peaux, l’or. En général les conquérants imposent aux familles ou à toute la populace un tribut à terme de peaux et d’or, et profitent ainsi de la façon la plus commode pour eux, des instruments de travail du peuple. Voici qu’on a pris au peuple presque toutes les peaux et tout l’or, alors les vaincus doivent vendre l’un à l’autre, au conquérant et à la troupe, pour de l’or, tout ce qu’ils ont :