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précisément celui qui entrait le premier dans l’eau dès qu’elle devenait trouble ; en général, elle indique que l’eau n’avait d’action énergique qu’immédiatement après s’être troublée, et qu’elle perdait peu à peu son efficacité, de sorte que seuls ceux qui avaient réussi à y entrer les premiers étaient guéris.

Était guéri. — Du récit du narrateur on ne voit pas que la guérison fut spontanée, instantanée, miraculeuse, comme les guérisons du saint Sauveur. Elle était peut-être graduelle, et c’était la source qui donnait la première poussée. Dans ce cas la guérison instantanée, par le saint Sauveur, du malade couché là-bas, était encore plus remarquable.

Qui était malade. — On ne sait pas de quelle maladie. On voit par ce qui suit qu’il ne pouvait marcher librement, qu’il était faible des jambes, et couché depuis trente-huit ans. C’est-à-dire qu’il était malade depuis trente-huit ans, et non qu’il n’avait que trente-huit ans. La durée de la maladie rendait particulièrement extraordinaire le miracle accompli.

Ayant appris qu’il était couché depuis longtemps. — Soit par les autres qui se trouvaient ici, soit directement, par son omniscience divine ; et couché, dans le sens de malade.

Veux-tu être guéri ? — Question dont le but est d’exciter la foi du malade. La question force le malade à concentrer sa pensée, à la fixer sur la personne qui l’interroge, et à attendre de lui le secours. Mais, comme on le voit, le malade ne vit point où tendait la question de son interlocuteur. En pensée il s’adresse à la source et se plaint de ne pouvoir profiter de sa vertu curative.

Oui, Seigneur. — C’est-à-dire, je veux être bien portant ; mais je n’ai personne pour m’aider à descendre dans la piscine quand l’eau est troublée, et guérir.

Et pendant le temps que je mets à y aller. — Le malade marchait très lentement et ne pouvait devancer les autres. Il répond sans blâmer personne. Il ne repousse pas Christ, comme s’il lui posait une question déplacée ;