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est dit : « Grâce sur grâce » annihile ce sens. « Grâce sur grâce » signifie que l’ancienne grâce est remplacée par la nouvelle. Or cette signification est contraire au sens de l’Église. Les traducteurs ont donc été obligés de changer le sens de la préposition ἀντί, sur laquelle est basé tout le sens, et, tout à fait arbitrairement, l’ont traduit par : sur, über, for. Grâce à ce changement on a obtenu le sens qui était nécessaire ; que c’est précisément du Christ que nous avons reçu l’adjuvant de la grâce. Mais avec cette traduction arbitraire l’explication de tout le passage, et surtout du verset 16, est devenue encore plus difficile. Il est dit : « De sa plénitude nous avons reçu grâce sur grâce », et on explique ces paroles en disant que nous avons reçu de Jésus-Christ un supplément à la grâce reçue par Moïse. Mais ensuite, on dit que la loi est donnée par Moïse, et la grâce et la vérité par Jésus-Christ, c’est-à-dire que la grâce et la vérité sont opposées à la loi de Moïse.

La difficulté de la traduction de ce passage tient à ce que dans le verset 14 il était dit ; « Que l’entendement est devenu la chair… et nous avons vu sa doctrine, ou sa gloire, telle qu’est celle du Fils monogène du Père, plein (comme le comprend l’Église) de Χάρις et de vérité. On a beau entendre n’importe comment Χάρις, jusqu’ici il est clair que λόγος était plein de Χάρις et de vérité. Mais dans le verset 16, qui commence par ὄτι, il est dit : « Parce