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et non celles de Christ. Si dans ce passage Christ avait voulu parler de l’humilité, il l’aurait dit clairement, comme il l’a fait dans plusieurs autres passages. Mais ici, il est évident que Christ ne voulait point parler de l’humilité.

1o Parce que la pauvreté d’esprit, c’est-à-dire l’union des mots πτωχοὶ τῷ πνεύματι n’a aucun sens. Πτωχός veut dire le mendiant, le vagabond, celui qui n’a pas de domicile, moins le sens péjoratif attaché à ces mots. Or on ne peut pas dire le « vagabond de l’esprit ».

2o Parce que tout l’Évangile enseigne qu’il faut élever l’esprit, vivre en esprit. Comment donc Jésus dirait-il que sont heureux les pauvres d’esprit ?

3o Chez Matthieu il est dit, sont heureux, en général, les pauvres d’esprit ; et ensuite outre cette béatitude, on en énumère d’autres, qui découlent de cet état de bonheur. Tandis que « ceux qui désirent ardemment la vérité » ne s’unit nullement à la conception d’humilité. Si la conception « ceux qui désirent ardemment la vérité », n’est pas contraire à la conception humilité, en tout cas elle n’en découle point.

4o Toutes les béatitudes suivantes — parce que les mots : c’est à eux qu’appartient le royaume de Dieu ne sont ajoutés qu’à la première béatitude — doivent évidemment expliquer le bonheur qui découle de la première. Mais les conceptions : Ceux qui désirent ardemment la vérité, pauvres, purs de