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répond-il pas à cela : Je vous montrerai un miracle, ou : Je ne vous montrerai pas de miracle ; mais dit-il : « Détruisez ce temple, et, en trois jours, je vous en ferai un nouveau, vivant. » Selon l’Église, cette réponse signifie que le miracle qu’il fera se produira après sa mort, miracle auquel aucun des Juifs ne croira, même après la mort. Et ces paroles, dit-on, convainquirent tout le monde. Il suffit d’ôter les lunettes de l’Église pour voir que ce n’est pas là une conversation, mais le délire d’un fou. Jésus fait un acte incompréhensible, il chasse le bétail du temple. Les Juifs, au lieu de l’expulser, lui disent, on ne sait pourquoi : Montre-nous un miracle. Jésus, oubliant qu’il avait jeté dehors, pour un but quelconque, tout ce qui était nécessaire au service religieux, dit : Le miracle, je vous le montrerai quand je mourrai, mais de telle façon que vous ne le verrez pas. Et, après ces paroles, tous crurent à sa doctrine. Et le sens de tout cela, c’est que Christ ressuscitera après trois jours. Encore, n’est-ce pas Christ qui l’a dit, mais l’auteur de l’Évangile. Que seulement l’on se reprenne et se reporte pour un moment aux paroles de l’Évangile — la révélation divine selon la doctrine de l’Église — au moins avec le respect et l’attention que nous apportons à la lecture d’un vaudeville quelconque, c’est-à-dire sans supposer à l’avance que nous entendrons le délire d’un fou et ne comprendrons rien, mais en admettant que ce qui est écrit signifie