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d’avance. Ainsi rien n’est plus conforme à l’esprit de cet évangile que le discours mis ici dans sa bouche. Il y a plus : ce discours est très bien placé là où nous le lisons. Les scènes relatives aux disciples sont terminées, l’action du révélateur sur le monde doit maintenant commencer ; l’auteur, indique ici d’avance, quelles chances, pour un succès définitif, il a devant lui, le monde, sera sollicité, mais non gagné, il sera vaincu, non par une soumission volontaire, mais par la condamnation qu’il se sera attirée. C’est le programme de l’histoire que nous allons lire.

Ces réflexions écartent aussi l’objection que les paroles de Jésus, telles qu’elles sont relatées et expliquées ici, n’auraient pu être comprises par personne, par les disciples tout aussi peu que par les Juifs. À ce titre, on pourra faire des réserves à l’égard de la presque totalité des paroles mises dans la bouche du Seigneur dans tout le cours du livre, car à la fin les disciples n’en comprennent pas plus qu’au commencement. (Chap. xiv, 9). Jésus parle et l’auteur écrit pour les intelligences chrétiennes, et pas le moins du monde pour la plèbe juive qui l’entoure. Enfin il ne faut pas perdre de vue cette circonstance que l’auteur dit lui-même que les Juifs se méprirent complètement sur le sens des paroles prononcées, en les appliquant au temple dont la construction avait été commencée sous Hérode. Mais c’est un phénomène qui se reproduira désormais dans chaque scène, nous aurions presque dit à chaque ligne. C’est l’expression vivante et concrète de ce fait fondamental de la théologie de notre évangile, que le monde est incapable de saisir le sens des révélations célestes qui lui sont faites. (Chap. iii, 12,)

On parle de tout, même du but pour lequel le Christ a fait le fouet, mais pas un mot du sens de tout ce passage reproduit dans les quatre évangiles. Des interprétations de toutes les Églises, il