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important pour nous, si nous voulons comprendre la doctrine de Jésus. Grâce à cette fausse représentation des interprètes : que Jésus ne fit que continuer la loi de Moïse, il ne reste rien d’elle, sauf une querelle inutile avec des Pharisiens quelconques. Pour le lecteur non prévenu ce passage a une énorme importance. Il en résulte que Jésus, dès sa première rencontre avec la loi de l’adoration extérieure de Dieu, la nie de toutes ses forces. Le sabbat est l’engagement principal de Dieu avec son peuple. L’inobservance du sabbat est punie de mort. La moitié du Talmud est consacrée au sabbat. L’observance du sabbat était pour les Juifs ce qu’est la communion pour les Églises. De même que celui qui n’observe pas le sabbat n’est pas un juif, de même celui qui ne communie pas n’est pas orthodoxe ou catholique. Blasphémer le sabbat ou la communion, est également terrible. Et voilà que Jésus déclare que le sabbat n’est rien de plus qu’une invention humaine, que l’homme est bien plus important que toutes les cérémonies extérieures, que pour le comprendre il faut comprendre ce que signifient les paroles : « Je veux la grâce et non le sacrifice, » et qu’il n’est point nécessaire d’observer le sabbat, c’est-à-dire l’adoration extérieure de Dieu, regardée comme la chose la plus importante.

Mais les interprètes ont caché cette signification. Ils disent :