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dire s’il ne doit rien à personne, tandis que tous les autres êtres, et nous par conséquent, Lui sommes redevables de tout, nous devons nous humilier sans cesse devant Lui, d’après la parole de l’histoire : « Qu’avez-vous que vous n’ayez reçu ? Et si vous l’avez reçu, pourquoi vous en glorifiez-vous comme si vous ne l’aviez point reçu ? » (i, Cor., iv. 7). « C’est en Lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être. » (Act., xxii, 28).

Ensuite Il est seul indépendant et bienheureux, que, par conséquent, Il n’ait nul besoin de nos biens. » (Ps., xx, 2 ; qu’au contraire « Il donne à tous la vie, la respiration, et toutes choses » (Act., xvii, 25), nous devons entretenir en nous le sentiment de notre entière dépendance de Lui et d’une soumission profonde, et, quand nous lui présentons notre offrande ou nos sacrifices, ne point croire que nous obligeons par là l’Être souverainement heureux, tout ce que nous possédons étant à Lui.

D’ailleurs, la persuasion que partout et toujours nous sommes sous les yeux de l’Être omniprésent nous dispose naturellement à nous conduire devant Lui en toute circonspection et vénération ; — elle peut nous retenir de pécher, comme elle fit jadis pour Joseph (Gen., xxxix, 9) ; elle nous donne courage et consolations dans tous les dangers, comme à David qui disait de lui-même : « Je regardais le Seigneur et L’avais toujours devant mes yeux, parce qu’Il est à ma droite pour empêcher que je ne sois ébranlé. (Ps., xv, 8). Elle nous excite à invoquer, à glorifier, et à remercier en tous lieux le Seigneur (Jean, iv, 21-24).

En nous rappelant que Dieu seul est éternel, au lieu que tout ce qui nous entoure sur la terre n’est que pour un temps et passe vite, nous apprenons à ne pas nous attacher passionnément à des biens périssables, mais à rechercher en Dieu le seul bien qui ne passe jamais (Matth., vi. 19, 20) ; « à ne point mettre notre confiance dans les princes et les enfants des hommes »,