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évidente des Saints Pères se trouve là par hasard ? Vous pensez qu’elle est résolue d’une façon quelconque ? Nullement. C’est ce qu’il faut à l’auteur ; en cela est tout l’esprit du § 22. Il commence ainsi :

« C’est là une question qui a été souvent débattue dans l’antiquité, et surtout au Moyen âge, tant par l’Église d’Occident que par celle d’Orient, et à la solution de laquelle on est souvent tombé dans les extrêmes. Le premier de ces extrêmes admet qu’entre l’essence et les attributs essentiels de Dieu, comme entre ces attributs eux-mêmes, il existe une différence réelle (τῷ πράγματι, realis), de façon que chacun de ces attributs constitue en Dieu quelque chose de séparé de son essence et de ses autres attributs. L’autre extrême admet, au contraire, que l’essence de Dieu et tous ses attributs essentiels sont identiques entre eux ; qu’ils ne se distinguent point, ni en réalité, ni même dans la conception de notre esprit (ἐπινοία νόησει, cogitatione), et que toutes les différentes qualités qu’on attribue à Dieu, comme, par exemple, l’aséité, la sagesse, la bonté, la justice, désignent en Dieu une seule et même chose. En suivant strictement la doctrine que l’Église orthodoxe puise dans la Révélation et professe sur l’essence et les attributs essentiels de Dieu, nous devons convenir que ces deux extrêmes sont également éloignés de la vérité ; qu’il est inadmissible, d’un côté, que l’essence et les attributs essentiels de Dieu soient réellement distincts les uns des autres et aient une existence à part ; de l’autre, qu’il n’y ait entre eux aucune différence même dans nos conceptions » (p. 178, 179).

L’Église orthodoxe enseigne que les deux propositions sont également loin de la vérité. Laquelle est le plus près de la vérité ? On ne le dit pas. On a