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étaient loin de cette conception de la divinité qui appartient maintenant à chaque croyant. Par exemple, avec beaucoup de soin ils tâchent de prouver que Dieu n’est borné par rien, qu’il n’est pas sujet aux souffrances, ni à la destruction. Si méritoires que soient les efforts de ces Pères dans leur lutte contre les païens, leur affirmation que Dieu n’est pas sujet aux souffrances agit malgré nous et sur nous comme le ferait l’affirmation qu’on n’a pas besoin d’habitation et de nourriture, et malgré nous, encore, cette affirmation nous force à sentir que leur conception de la divinité n’est ni claire ni solide. Leurs arguments ne nous expliquent rien et ne font que blesser notre sentiment. Mais il est évident que l’auteur en a besoin. Il a besoin, précisément, de ce qui blesse notre sentiment, à savoir l’abaissement de la conception de Dieu.

Dans la troisième division, l’auteur cite même comme preuve, l’injure que disaient les Pères de l’Église pour défendre leur opinion :

« iii. Il est à remarquer ou outre qu’en réfutant l’erreur des anthropomorphistes, les anciens Pasteurs de l’Église la tenaient pour une hérésie, hérésie inepte et des plus absurdes ; et qu’ils rangèrent toujours parmi les hérétiques les anthropomorphistes obstinés. » (p. 125).

Comme ultime raison, l’Église ajoute :

« C’est pour cela que le cérémonial suivi par l’Église orthodoxe, dans la première semaine du grand carême,