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haute. De l’analyse de ces paroles il résulte donc qu’au lieu de dire : Dieu est esprit, il est dit que Dieu est la raison la plus grande. Pour confirmer ces paroles on cite Jean Damascène qui dit encore une troisième chose, à savoir : que la divinité est simple.

Or, ce qui est étonnant, c’est que la conception de Dieu comme esprit, en tant qu’opposition à tout ce qui est matériel, est indiscutable pour moi et pour tout croyant, et ressort clairement des premiers chapitres sur la non compréhension de Dieu. Mais il est impossible de le prouver, et l’on ne sait pourquoi on veut le prouver. Des paroles sacrilèges sont dites au sujet de l’essence de Dieu, et ces preuves aboutissent à ceci, qu’au lieu de l’esprit, Dieu est raison, ou que la divinité est simple et n’a qu’une action.

Pourquoi donc prouver tout cela ? Pour introduire sous main la conception non de l’esprit, un, simple, mais des substances spirituelles, plus ou moins douées de la faculté de connaître et de comprendre (ce sont les hommes, les démons, les anges, dont on aura besoin plus tard) ; et, principalement, pour établir un lien avec ce mot « esprit », qui jouera un grand rôle dans l’exposé de la doctrine. Tout de suite on voit pourquoi :

« Et si la révélation même nous représente Dieu comme un Être spirituel, notre supposition doit se transformer en une véritable certitude. Eh bien ! c’est