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adorant un Dieu suprême, reconnaissaient aussi une foule de Dieux subalternes, et mettaient souvent au nombre de ces dieux des esprits purs, bons ou mauvais (les génies et les démons), même des morts qui s’étaient illustrés pendant leur vie ; et nous, nous révérons les bons anges, nous révérons les saints personnages qui, pendant leur vie, se sont illustrés par leur foi et leur piété ; mais nous ne perdons point de vue que, suivant la doctrine de l’Église orthodoxe, nous devons les révérer non point comme des dieux subalternes, mais comme des serviteurs et des amis de Dieu, comme nos intercesseurs auprès de Lui, comme nos coopérateurs dans l’œuvre de notre salut ; les révérer de telle façon que toute la gloire en revienne exclusivement à Lui seul, qui est admirable dans ses saints, (Ps. lxvii, 37 ; Matth., x, 40). Les païens faisaient des statues de leurs dieux ; ils exposaient en public leurs simulacres et leurs idoles ; enfin dans leur extrême aveuglement, ils envisageaient ces objets comme les dieux mêmes et leur rendaient un culte divin. Que tout chrétien se garde de tomber jamais dans une semblable idolâtrie ! Et nous, nous employons et révérons les images du vrai Dieu et des saints, et nous fléchissons le genou devant elles ; mais nous ne les employons et ne les révérons que comme des représentations sacrées pour nous et profondément instructives, et nous n’en faisons pas des dieux ; nos génuflexions devant les saintes images, nous ne les adressons point au bois ni aux couleurs, mais à Dieu lui-même et à ses saints représentés sur ces images. Telle doit l’être la véritable adoration des saintes images ; à cette condition-là, elle ne peut en aucune façon être assimilée à l’idolâtrie. »

De ce qui précède, il résulte que nous devons faire ce que font les idolâtres, mais en tenant compte d’une certaine différence exposée ici :