Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

duit de telles raisons pour prouver l’unité de Dieu. On les cite pour prouver l’existence de Dieu — là elles sont à leur place — et Kant les a analysées. Deuxièmement, il est démontré que pas une de ces preuves n’est convaincante.

Voici ces preuves telles qu’elles sont présentées dans la théologie.

1) Tous les peuples ont conservé l’idée de Dieu unique.

C’est faux. L’auteur lui-même a discuté la conception de la pluralité des dieux.

2) L’accord des auteurs païens.

C’est également faux, et ce ne peut être une preuve, puisque cela ne concerne pas tous les auteurs païens.

3) L’idée innée que nous avons d’un Dieu unique.

C’est encore inexact, parceque les paroles de Tertullien, qu’on cite à l’appui, se rapportent à l’idée de Dieu et non à celle de l’unité divine. :

« Prêtez l’oreille, disait Tertullien aux païens, prêtez l’oreille au témoignage de votre âme elle-même, qui, malgré sa prison de chair, malgré les préjugés et la mauvaise éducation, malgré la violence des passions, malgré l’asservissement aux faux dieux, lorsqu’elle s’éveille comme d’une sorte d’ivresse ou d’un profond sommeil, qu’elle vient à avoir, pour ainsi dire, une étincelle de santé, invoque involontairement le nom du seul vrai Dieu, s’écriant : Grand Dieu ! Bon Dieu ! Que plaira-t-il à Dieu ? Ainsi son nom se trouve à la bouche de tous les hommes. L’âme le reconnaît également comme juge par ces paroles : Dieu est mon