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des hérétiques qu’est basée toute l’exposition du dogme de l’unité de Dieu. Et ce n’est point un hasard. Comme pour la question de la compréhension et de la non compréhension de Dieu, où l’exposition de la doctrine de l’Église, sur cette question, était basée sur la discussion de doctrines fausses, de même, ici, la doctrine n’est pas exposée directement d’après la tradition, la raison, et leurs liens réciproques, elle s’appuie uniquement sur la fausseté des autres doctrines, qu’on appelle hérésies. Pour les dogmes de la Trinité, de la divinité du Fils, de la nature du Fils, c’est partout le même procédé. On ne dit pas : voici pourquoi l’Église enseigne ceci et cela ; on dit toujours : les uns enseignaient que Dieu est compréhensible, les autres que Dieu est tout-à-fait incompréhensible ; or, ni l’un ni l’autre n’est vrai, la vérité est celle-ci.

S’agit-il du Fils, on ne dit pas : le Fils est ceci ; on dit : Les uns enseignaient qu’il est Dieu, entièrement ; les autres qu’il n’est qu’un homme ; c’est pourquoi nous enseignons qu’il est l’un et l’autre.

S’agit-il des dogmes de l’Église : de la création, de l’Esprit-Saint, c’est encore le même procédé. Jamais la doctrine ne découle d’elle-même, mais de la discussion, au moyen de laquelle on prouve que ni l’une ni l’autre opinion n’est la bonne ; que la vérité est dans l’une et l’autre réunies. Dans l’exposition du dogme de l’unité divine, ce procédé est particulièrement frappant parce que l’impossibilité