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pauvres d’esprit et les a appelés bienheureux. Plusieurs fois il répète que sa doctrine est accessible aux enfants et aux pauvres d’esprit, plutôt qu’aux sages et aux savants. Il a choisi les ignorants, les faibles d’esprit, et ils ont compris. Il dit qu’il est venu non pour enseigner, mais pour accomplir, et il accomplit par toute sa vie. Il répète plusieurs fois que celui qui accomplira saura qu’il est heureux par Dieu, et non celui qui fait le docteur. Il s’élève seulement contre ceux qui se donnent pour docteurs. Il dit de ne pas juger autrui. Il dit que lui seul a ouvert la porte aux brebis, que les brebis le connaissent et qu’il les connaît. Et voici que les pasteurs, que personne ne demande, les loups dans les peaux de brebis, sont venus devant lui et disent, eux qui commettent les crimes : « Ce n’est pas lui, mais nous, qui avons ouvert la porte aux brebis. »

Les raisons de ce qui précède sont compréhensibles. Elles l’étaient surtout les premiers temps, quand Paul, le premier, parla de l’Église et de l’infaillibilité. On peut admettre que l’homme ardent, animé d’une foi sincère, ait pu ne pas comprendre parfaitement l’esprit de son maître et s’écarter de sa doctrine. On peut comprendre cela, à cette époque la plus proche du christianisme. Également après, pendant l’oppression sous le pouvoir de Constantin, on peut comprendre qu’on ait pu être entraîné par le désir d’affermir, le plus