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lieu ni au repentir ni aux mérites), mais uniquement, selon l’infinie bonté de Dieu, par les prières de l’Église, par les bonnes œuvres des survivants au profit des trépassés, et surtout par la vertu du Sacrifice non sanglant, offert en particulier par le ministre pour chaque chrétien au bénéfice de ses amis, et offert pour tous en général par l’Église catholique et apostolique (pp. 703, 704).

Cela est prouvé. Cette considération naturelle : que si Dieu est juste (comme l’homme est juste), comme l’entend la hiérarchie, par quelle prière étrangère pardonnera-t-il au pécheur ? La question est résolue de la façon suivante :

Il n’y a pas lieu de douter que les prières de l’Église, le grand Sacrifice offert pour le salut du monde et les aumônes ne soient profitables aux trépassés : mais c’est à ceux-là seulement qui ont vécu de façon qu’après leur mort tout cela puisse leur être utile. En effet, en vain ferait-on, en faveur de ses proches, morts sans la foi assistée de la charité, comme sans communion dans les sacrements, des œuvres de cette piété, dont ceux-ci n’avaient point en eux le gage pendant qu’ils étaient ici, repoussant toujours ou recevant en vain la grâce divine et s’amassant des trésors, non de miséricorde mais de colère. Ce ne sont donc point de nouveaux mérites qu’acquièrent les morts quand leurs proches font pour eux quelque bonne œuvre ; ce sont seulement des conséquences toutes naturelles de leurs principes précédents (p. 715).

Alors pourquoi des prières ? Est-ce que Dieu seul ne pourrait pas tout comprendre sans ses ministres ? Pourquoi donc l’Église a-t-elle besoin de prières et de sacrifices ? Quelque pénible que cela