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sorte de fou, qui punit l’homme pour ce qui est en dehors de sa volonté.

On voit qu’on ne peut pas échapper aux lois de la raison.

La première erreur, ou le mensonge de la Rédemption, nous a amenés à un mensonge plus grand encore : la grâce. La grâce, à un mensonge plus grand encore : la foi en l’obéissance ; et celle-ci aux actes mécaniques du sacrement. La nécessité d’obliger à accomplir les sacrements, a amené à la rémunération, et la doctrine s’exprime dans une monstruosité terrible. Dieu, pour sauver tous les hommes, a envoyé son fils au supplice, mais voilà que si le prêtre arrive trop tard pour me donner la communion, à moi, mourant, j’irai tout droit dans l’enfer ; je souffrirai bien davantage que celui qui vole beaucoup d’argent et paie un prêtre pour être sans cesse à ses côtés. Mais cela n’embarrasse pas la théologie. Elle dit : 1o Dieu nous a sauvés ; 2o il nous a donné les sacrements.

Enfin, la troisième de ces œuvres, le Seigneur Dieu l’accomplit, mais seulement après avoir accompli la seconde avec notre participation. Il paraît alors comme juge des hommes, comme un juge impartial, qui examine si les hommes ont profité ou non des moyens qui leur furent accordés sur la terre pour se purifier des péchés et se sanctifier, et s’ils sont dignes ou indignes d’être affranchis des peines, salaire du péché, et de recevoir la félicité éternelle. Il paraît ensuite comme un juste rémunérateur, qui fixe leurs destinées à chacun suivant ses mérites (p. 621).