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tous les autres (y compris l’Ordre), on entend par sacrement les actions extérieures se rapportant à quelque chose qui n’est lié à rien de réel et tout à fait inutile, tandis qu’ici on appelle sacrement certains actes extérieurs accomplis pendant un des actes réels et les plus importants de la vie humaine. Cette singularité de la définition entraîne l’incohérence en tout ce qui suit. Il est dit :

On peut considérer le mariage sous deux faces différentes : comme une loi de la nature ou une institution divine, et comme un sacrement de l’Église du Nouveau Testament, qui consacre cette loi de nos jours encore, après la chute de l’homme (p. 566).

Voici en quoi consiste ce sacrement sanctifiant :

Dans le but de sanctifier, de relever et de corroborer la loi du mariage, cette loi qui, sainte et pure par son origine divine et ses fins, fut assujettie, par suite du désordre survenu dans la nature humaine, à l’influence funeste du péché et à de nombreuses altérations de la part des hommes sensuels, Notre-Seigneur Jésus-Christ daigna établir dans son Église un sacrement particulier, le sacrement du Mariage. On entend par là une sainte cérémonie dans laquelle les personnes qui s’unissent par le mariage, s’étant solennellement liées à la face de l’Église par la promesse d’une fidélité conjugale réciproque, reçoivent d’en haut, par la bénédiction du pasteur, une grâce divine qui consacre leur union d’époux, l’élève pour eux à la hauteur de l’image de l’union spirituelle de Jésus-Christ avec son Église, et les aide à remplir les différentes fins du mariage (p. 569).

C’est-à-dire que la hiérarchie trouve nécessaire de sanctifier le mariage, déjà sacré par lui-même.