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ment de l’Eucharistie c’est celui de l’Évangile et de l’Épitre aux Corinthiens, dans lequel il est dit : Que Christ, prenant congé de ses disciples leur dit : Je romps ce pain et vous donne ce vin ; c’est ma chair et mon sang donnés pour votre salut du péché, vous tous mangez et buvez cela.

Avant sa mort, Christ a dit à ses disciples en rompant le pain et leur tendant le vin : Ce pain et ce vin, c’est ma chair et mon sang ; buvez maintenant, et ensuite faites cela en mémoire de moi. De ces paroles on peut tirer la conclusion que le Christ, prenant congé de ses disciples, leur a dit qu’il meurt pour les hommes et qu’il leur ordonne d’en faire autant, c’est-à-dire de donner aux hommes leurs corps et leur sang. On peut en conclure qu’il leur ordonna de se souvenir de lui chaque fois qu’on leur offrirait le pain et le vin. On peut, si l’on s’en tient au sens propre des mots chair et sang, tirer la conclusion qu’il a fait un miracle devant ses disciples, et leur a donné à absorber, sous l’apparence du pain et du vin, sa chair et son sang. On peut en déduire qu’il a ordonné à ses disciples de faire le même miracle, c’est-à-dire de transformer leur chair et leur sang en pain et en vin. Allant plus loin encore, peut-être peut-on en conclure qu’il leur a ordonné de transformer le pain et le vin, en sa chair et en son sang, à lui, Christ. Mais en aucun cas on ne saurait prétendre, comme le fait l’Église, qu’il ait chargé de ce miracle non seule-