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nous est utile de savoir, et nous a caché ce que nous ne sommes point en état de comprendre. »

En cette conclusion, qui exprime la pensée générale du texte, on est frappé d’une contradiction intime. Dans la première partie, on dit que personne ne peut comprendre Dieu, que personne ne connaît ses voies, ses buts ; dans la conclusion de la deuxième partie, on dit que d’ailleurs, Dieu ne nous a pas laissés dans l’ignorance, et que par les Prophètes, par son Fils, et par les Apôtres, il s’est fait connaître à nous, et nous a donné, non seulement la compréhension, mais la conscience de Dieu, autant que nous sommes en état de comprendre.

Mais nous avons dit que nous ne comprenons pas Dieu, et ici, tout d’un coup, on affirme que nous savons qu’il n’a pas voulu nous laisser dans l’ignorance, que nous connaissons les moyens employés par Lui, pour atteindre son but ; que nous connaissons précisément les vrais Prophètes, et le vrai Fils, et les véritables Apôtres qu’il a envoyés pour nous instruire. Il en résulte qu’après avoir reconnu que Dieu est incompréhensible, nous apprenons tout à coup les détails les plus grands sur son but et ses moyens. Nous jugions de lui comme du patron qui voulut annoncer quelque chose à ses ouvriers. De deux choses l’une : ou il est incompréhensible, et alors nous ne pouvons connaître ni son but ni ses actes ; ou il est tout à fait compréhensible, si nous connaissons ses Prophètes en