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l’amour du Seigneur pour nous et par la prodigieuse immensité du don qu’il communique. Dans les autres sacrements le Seigneur accorde à ceux qui croient en lui certains dons particuliers de la grâce salutaire, suivant la nature du sacrement administré, dons qu’il acquit aux hommes par sa mort sur la croix. Ici, il leur offre pour aliment sa divine Personne, son propre corps et son propre sang, et, en s’unissant ici d’une manière immédiate avec leur Seigneur et Sauveur, les fidèles s’unissent avec la source même de la grâce salutaire.

3o Il est supérieur enfin en ce que tout autre sacrement se borne comme tel à exercer sur l’homme une action salutaire, au lieu que l’Eucharistie est non seulement le plus incompréhensible et le plus salutaire des Sacrements, mais encore un sacrifice réel à Dieu, un sacrifice de propitiation qui lui est offert pour tous, pour les vivants et pour les morts (Conf. orth., p. 1, rep. 107 ; Lettr. des Patr. d’Or. sur la foi orth., art. 17) (p. 436).

La doctrine de ce sacrement se distingue en effet de toutes les autres. Elle s’en distingue surtout parce qu’elle écarte complètement la définition du sacrement donnée auparavant. En effet, selon la doctrine de l’Église, non seulement ce sacrement donne la force à celui qui le reçoit, mais relève toujours du miracle ; il donne Dieu en pâture, il est le sacrifice que Dieu fait de soi-même ; ce qui n’entre pas dans la définition première.

Selon la définition de ce sacrement, sauf la communication de la grâce à ceux qui le reçoivent, il transmet l’objet même : Dieu, nourriture de l’homme, et le sacrifice de Dieu, apporté par Dieu. Mais cela n’embarrasse point la théologie. Elle