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la substance et de l’efficacité des sacrements ; il a porté une sacrilège main sur leur nombre, et quoique, dans le principe, il y ait eu entre ses adhérents bien des divergences sur ce point, ils se sont enfin accordés à ne reconnaître comme sacrements que le Baptême et l’Eucharistie, chacune de leurs sectes, sans doute, dans son sens particulier. Ceux d’entre nos sectaires qui repoussent les prêtres, sans nier le moins du monde l’institution des sept sacrements, se contentent de deux et disent : « Pour le besoin il suffit de deux, le Baptême et la Pénitence ; on peut se passer des autres. »

3o Quant aux conditions requises pour la perfection et l’efficacité des sacrements, selon Luther, la perfection du sacrement n’exige point un prêtre ou un évêque légalement ordonné ; les sacrements peuvent être administrés par le premier venu, clerc ou laïque, homme ou femme ; ils conservent leur signification et leur vertu de quelque manière qu’on les administre, fût-ce sans intention, fût-ce même par ironie ou par imitation. Chez nous l’espèce de sectaires dont nous avons parlé tout à l’heure abandonne naturellement aux simples laïques l’administration des sacrements ; quant aux autres, qui admettent les prêtres, ils ne concèdent ce droit qu’à ceux d’entre ces derniers qui ont été frappés d’interdiction ou privés de leurs charges, et, en tout cas ont abandonné l’Église orthodoxe pour faire cause commune avec eux.

D’un autre côté, les anciens donatistes, puis, au douzième siècle, les Vaudois et les Albigeois, enfin, depuis le quatorzième siècle, les Wiklelites, donnèrent dans un autre extrême : ils regardaient comme indispensable à la perfection à l’efficacité des sacrements non seulement un ministre légalement ordonné, mais encore un ministre pieux, et prétendaient qu’administrés par des ministres vicieux les sacrements n’avaient pas la moindre signification. Enfin, selon les réformés et les luthériens, ce serait autre chose : la réalité, et l’efficacité des sacrements dépendraient non de la di-