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la foi, une question s’est dressée : Qu’est-ce qui sauve : la foi ou les bonnes œuvres ? et que ceux qui professaient cette doctrine, dès le commencement, se sont divisés en deux camps hostiles.

Les uns disent que c’est la foi qui sauve, les autres, que ce sont les actes. Notre théologie, avec son procédé ordinaire consistant à braver toutes les lois de la logique, affirme que l’une et les autres sauvent. Et voici la signification du paragraphe 198 :

Au reste, quel que soit le prix de cette foi que nous venons de dépeindre, et qui embrasse, dans son sens le plus large, l’espérance et la charité ; quoique cette foi soit la première condition que l’homme ait à remplir pour s’approprier les mérites du Sauveur, cette foi cependant ne suffit point encore à elle seule pour le but. Par la foi seule l’homme peut trouver sa justification, la purification de ses péchés dans le sacrement du Baptême, qui l’introduit dans le royaume de la grâce de Jésus-Christ ; il peut ensuite recevoir les dons de cette grâce par les autres sacrements de l’Église ; mais, pour pouvoir conserver après son entrée dans ce royaume, la justice et la pureté qu’il a puisées dans le Baptême ; pour pouvoir profiter des dons du Saint-Esprit qu’il recevra par les autres sacrements ; pour pouvoir s’affermir dans la vie chrétienne et s’élever graduellement dans la sainteté chrétienne et pour pouvoir, à la fin de sa carrière terrestre, paraître justifié et sanctifié devant le redoutable tribunal du Christ ; pour tout cela il lui faut plus encore que la foi : il lui faut les bonnes œuvres, c’est-à-dire des œuvres qui soient l’expression extérieure et comme les fruits de la foi, de l’espérance et de la charité, qui habitent dans l’âme du chrétien et qui puissent être envisagées comme l’accomplissement exact de la volonté divine enseignée dans la loi évangélique (pp. 361-362).