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appropriation sont appelées foi parce que la plupart des vérités révélées, insaisissables à la raison en dehors du domaine de la science, ne peuvent nous être appropriées que par la foi (pp. 352, 353).

La grâce n’agit pas contre la volonté. Les hommes doivent faire un effort de volonté pour l’accepter. La foi c’est l’acceptation libre. C’est l’appropriation des vérités incompréhensibles. Involontairement on se pose la question : l’appropriation se donne par quoi ? Par la raison ou par la volonté ? Par la raison, c’est impossible, puisque les vérités sont incompréhensibles. Alors c’est par la volonté. Que signifie donc cela : appropriation par l’effort de la volonté ? En termes clairs, cela signifie : obéir. De sorte que la foi, selon cette définition, se résume en obéissance. C’est ainsi qu’est compris dans la théologie le mot foi, bien que plus loin, pour embrouiller la définition, on lui en donne une autre, bien vague, qui confond la foi avec l’amour et l’espérance.

Disons encore que la saine raison comprend déjà la nécessité absolue de la foi pour notre sanctification et notre salut. Sans la foi nous ne pouvons nous approprier les vérités de la Révélation divine ; par conséquent nous ne pouvons savoir ni ce que Dieu a fait pour notre salut, ni ce que nous sommes obligés de faire nous-mêmes, et, de cette manière, la Révélation, avec toute l’économie du salut, nous reste étrangère, et nous-mêmes nous sommes étrangers à la Révélation et au salut. En croyant en Jésus-Christ le Sauveur et en sa parole révélée, nous ouvrons pour ainsi dire notre âme à toutes les opérations salutaires de Dieu en nous ; mais en ne croyant pas, nous la fermons nous-mêmes