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ginaire, la doctrine de la grâce n’est pas suffisante. Il faut encore un nouvel anneau à cette chaîne de tromperies.

Et dans le § 197, on expose ce moyen de tromperie de soi-même à l’aide duquel les hommes qui font de bons actes ne peuvent les tenir pour tels s’ils n’observent pas certaines conditions établies à cet effet ; tandis que les hommes injustes et méchants, s’ils se soumettent à ces conditions, peuvent se croire rachetés et saints. Cette tromperie de soi-même est basée sur la conception de la foi, qui paraît ici pour la première fois, dans l’ouvrage, et, comme exprès, de la façon la plus embrouillée. On dit que la foi est pour l’homme la première condition de sa sanctification et de son salut. On donne une définition de la foi des plus entortillées, mais qui tend à faire accepter sous forme de conception de la foi, un acte quelconque, dans le pouvoir de l’homme, et on en tire la conclusion que celui qui se croit sanctifié, rétabli en toute sainteté et innocence, que celui-là seul est en effet rétabli dans la sainteté absolue et l’innocence. Mais si quelqu’un se croit saint et n’a pas d’autres moyens d’affermir sa sainteté que sa croyance en sa sainteté, bien qu’il se considère comme indiscutablement saint, on ne peut affirmer qu’il le soit réellement. Si un fou croit avoir une tour sur le nez, il est évident qu’il se représente cette tour, mais personne ne peut affirmer qu’une tour soit réellement sur son nez.