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vait avant sa chute. Or, avant sa chute l’homme était effectivement innocent, saint et juste. C’est à ce même état qu’il doit en conséquence être ramené. Autrement, si ceux qui sont restaurés, réhabilités et justifiés, demeurent comme auparavant dans le péché, sans sainteté ni justice ; s’ils ne reçoivent que la rémission des péchés et ne sont qu’extérieurement recouverts de la justice de Christ, alors il n’y a proprement point restauration, rétablissement de l’homme à son premier état ; il n’y a rien de plus qu’un simulacre de restauration ou quelque chose qui y ressemble (p. 352).

La restauration c’est le rétablissement de l’homme dans l’ancien état d’innocence. Selon l’affirmation de la hiérarchie la rédemption l’a fait. Mais la hiérarchie elle-même voit qu’il n’en est rien, que la rédemption n’a rien fait de semblable. En quoi donc reconnaître ce rétablissement ? On ne peut le reconnaître en ce fait que les braves gens qui ont appris la loi du Christ font plus de bien que de mal, car alors les bons seuls seront rachetés et les méchants périront. On ne peut non plus reconnaître que les méchants ne sont plus méchants et qu’ils sont tous revenus à l’état d’innocence parce que Christ les a rachetés.

On est donc forcé d’inventer cette innocence imaginaire, cette sainteté, cet instrument visible de la communication de cette sainteté à l’aide duquel on pourrait convaincre tous les hommes que, quelque mauvais qu’ils soient, ils sont des saints. C’est précisément ce que l’on a inventé. Mais pour édifier ce bâtiment artificiel de la rédemption ima-