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mais principalement russe. On répété ici ce que renferment tous les passages douteux de la théologie. Certains théologiens affirment que tout est dans les actes, les autres dans la grâce. On peut prouver l’un et l’autre avec une certaine logique. Mais la théologie russe ne se donne pas la peine d’analyser la pensée et d’aller d’une conclusion à l’autre. Elle se contente ainsi : Vous dites les actes, et vous dites la grâce, nous autres nous disons les actes et la grâce. Et le fait que l’un exclut l’autre ne l’embarrasse point. La théologie cite quelques phrases incompréhensibles, cite quelques saints Pères et tire la conclusion, s’imaginant la question résolue. La Sainte Écriture en fournit la preuve :

La saine raison repousse aussi la doctrine de la prédestination absolue. Elle nous assure que Dieu est infiniment juste ; il ne peut donc sans motif prédestiner les uns à la félicité éternelle, et les autres à l’éternelle condamnation. Elle nous assure enfin que Dieu est infiniment sage ; par conséquent, en accordant à l’homme le libre arbitre, il ne peut le contraindre par sa prédestination absolue et dépouiller ainsi ses actions de toute valeur morale (p. 338).

Ce raisonnement ignore tout ce qui le contredit dans le paragraphe précédent, et, par cette contradiction évidente se termine toute l’explication.

Le § 193 embrouille encore plus la question. La contradiction, éclate à chaque mot :

Bien qu’il soit vrai que « c’est Dieu qui opère en nous et le vouloir et le faire, selon qu’il lui plaît » (Phil., ii,