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nouveler, puis s’avancer dans la piété et saisir le salut éternel (p. 304).

De sorte que le rachat ne devient réel qu’à la condition de recevoir la grâce. L’irréalisation du rachat s’explique par l’absence de la grâce, et le but des croyants se borne donc à recevoir la grâce. La grâce se transmet par les sacrements. Cette sanctification par les sacrements, c’est-à-dire l’attirance des hommes vers les rites sacerdotaux, est le second prétexte pour la doctrine de la grâce.

Il résulte de ce qui précède que le dogme de la grâce a deux raisons d’être ; une, logique : l’explication du fait que l’humanité qui devait être transformée est restée la même ; l’autre, pratique : l’observance des rites et les sacrements comme moyen d’acquérir la grâce.

Le dogme de la grâce est, d’une part, la conséquence inévitable de l’affirmation fausse que Dieu a racheté le monde par la rédemption, et, d’autre part, il est la base de ces rites sacerdotaux nécessaires aux croyants pour leur fermer les yeux, et à la hiérarchie pour profiter des avantages de son titre.

Ce dogme de la grâce est étonnant par sa complexité, son obscurité, son inanité absolue. Si quelques parties précédentes de la doctrine rappelaient cet homme qui voulait mesurer en public des centaines de mètres des soi-disant cheveux de la mère de Dieu, celle-ci peut être comparée à ce