Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/336

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’elle agit immédiatement dans l’homme même, en effaçant en lui le péché, en éclairant son esprit, en le poussant et le dirigeant vers le bien. Elle se nomme passagère quand elle ne fait sur l’âme de l’homme que des impressions isolées, qu’elle ne coopère avec lui qu’à certaines bonnes œuvres, et constante quand elle habite continuellement dans l’âme de l’homme, le rend juste et agréable devant Dieu. Elle est dite prévenante ou précédente en tant qu’elle précède une bonne œuvre, y appelle, y pousse l’homme, et concomitante ou coopérante en tant qu’elle l’accompagne. Enfin elle est suffisante si elle accorde toujours à l’homme, bien qu’il n’en profite pas toujours, la force et les moyens d’agir pour son salut, et efficace si l’action de l’homme l’accompagne et qu’elle porte en lui des fruits salutaires (pp. 293-295).

De sorte qu’il y a en tout quatorze grâces différentes. Toutes seront expliquées. Toutes les opinions contraires seront démenties ; et selon les procédés ordinaires, tout sera confirmé par la sainte Écriture.

Dans aucune autre section, on ne voit aussi clairement qu’à propos de la doctrine sur la grâce, que moins la doctrine est nécessaire pour expliquer à l’homme le sens de sa vie, pour le guider, l’unir à Dieu, plus l’Église en parle ; et moins elle est compréhensible, plus elle soulève de discussions, de mensonges, de haines, de querelles, de supplices, ce que nous savons par l’histoire.

En effet, que peut-il être de plus extraordinaire par son inutilité que cette remarquable doctrine de la grâce, que, selon la définition de la théologie, Dieu donne à ses créatures sans aucun mérite de