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l’espérance et la charité, mais la plus grande est la charité. (i Corinthiens, xiii.)

Dans tous les chapitres, il n’est question que de l’imperfection de la science humaine, et il ne s’agit nullement de la connaissance de Dieu :

« Même maintenant, nous marchons vers lui par la foi et non par la vue ». (ii, Corinthiens, v, 7.)

« Nous marchons par la foi et non par la vue ». Par la foi, non par la connaissance « περιπατοῦμεν », c’est-à-dire nous vivrons. Là non plus il n’est point question de ce que nous ne connaissons Dieu qu’imparfaitement ; on dit seulement que nous vivons par la foi. Tous ces textes sont cités pour prouver que Dieu est incompréhensible, mais compréhensible imparfaitement. De nouveau c’est la confusion voulue des concepts. L’auteur confond sciemment les deux conceptions : celle de l’existence de Dieu et celle de Dieu lui-même. Si nous parlons du commencement de tout, de Dieu, évidemment nous reconnaissons et comprenons son existence. Mais si nous parlons de l’essence même de Dieu, il est bien évident que nous ne comprenons pas. Pourquoi alors prouver qu’il est compréhensible imparfaitement ? Si rien au monde ne nous est entièrement compréhensible, il est évident que Dieu, le commencement du commencement de tout, n’est pas compréhensible. À quoi bon le prouver alors ? Et le prouver d’une manière si étrange, en citant inexactement les paroles de