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sanctification ne garantit pas les hommes de l’erreur, pourquoi notre Église est-elle la gardienne de la vérité, plutôt que du mensonge ? À cela la théologie ne cherche pas à répondre, parce que, selon sa doctrine, elle ne peut donner aucune réponse, car on ne peut prouver arbitrairement ce qu’on affirme.

C’est pourquoi la hiérarchie se contente de dire qu’elle est la vérité parce qu’elle est sainte et infaillible. Et elle est sainte et infaillible parce qu’elle succède à la hiérarchie qui a reconnu le symbole de Nicée. Mais pourquoi la hiérarchie qui a reconnu le symbole de Nicée est-elle vraie ? Il n’est pas et ne peut être de réponse. De sorte que la hiérarchie qui se nomme l’Église vraie, sainte, une, catholique et apostolique ne s’exprime ainsi que pour qu’on la croie. C’est une affirmation du genre de celle d’un homme qui dit : « Je jure que j’ai raison. » Cette affirmation repose particulièrement sur ce que toute affirmation de la hiérarchie qu’elle est sainte, provient toujours de ce qu’une autre hiérarchie, n’étant pas d’accord avec elle sur un point quelconque, a dit justement le contraire en affirmant avoir raison, et aux paroles suivantes : « Selon la volonté du Saint-Esprit et de la nôtre », répond en disant que le Saint-Esprit vit en elle. C’est comme deux personnes qui prêtent serment et se démentent mutuellement. Tous les théologiens, quelque soin qu’ils prennent à le cacher, ne disent et ne font que cela.