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vraie, pour fondre cette conception avec celle de la réunion de tous les croyants qui ont invisiblement à leur tête Christ lui-même, le corps mystique de Christ. À cela se résume toute la doctrine de la théologie sur l’Église.

Cette doctrine affirme que la seule Église vraie — le corps de Christ — c’est elle-même. La marche du raisonnement est la suivante : Dieu révèle la vérité à ses disciples et promet d’être avec eux. Cette vérité est absolue, divine. La vérité que nous propageons est cette même vérité.

Mais sans insister sur ce qui est clair pour quiconque a lu l’Écriture sainte et les raisons que la théologie cite comme preuves, à savoir que Christ n’a jamais établi aucune hiérarchie, aucune Église, dans le sens où l’entend la théologie ; pour quiconque a lu l’histoire il est évident que plusieurs hommes ont imaginé de pareilles Églises, de véritables Églises, et se sont dit et fait du mal les uns aux autres. Alors une question se pose involontairement : Par quelles raisons notre hiérarchie se croit-elle vraie, et croit-elle mensongères les autres hiérarchies et unions de croyants ? Pourquoi le symbole du concile de Nicée est-il l’expression de l’Église vraie, sainte, et pourquoi le symbole d’Arius, que notre hiérarchie a discuté, ne l’est-il pas ? Les évêques, les partisans d’Arius, de même que les partisans du symbole de Nicée étaient sanctifiés successivement par les Apôtres. Si cette