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L’Église, cette Église sur laquelle repose toute la doctrine, est une hiérarchie.

La théologie exposait auparavant la doctrine de l’Église unique, du royaume glorieux, du corps du Christ, de l’Église des vivants, des morts et des anges, de tous les croyants en Christ. Peu à peu, à cette première définition, elle en a ajouté une autre ; enfin, insensiblement, à cette Église elle a substitué une hiérarchie. La théologie le sait très bien. Elle sait que, selon sa conception, l’Église n’est qu’une hiérarchie, et parfois elle l’exprime, par exemple, dans l’introduction à la théologie dogmatique, ou comme cela est exprimé chez les Patriarches d’Orient, et comme l’exprime toujours le catholicisme. Mais en même temps, la théologie a besoin de confirmer sa définition que l’Église est la réunion de tous les croyants, c’est pourquoi elle n’aime pas à dire franchement que l’Église est une hiérarchie. La théologie sait que l’essentiel de l’affaire c’est l’infaillibilité et la sainteté de la hiérarchie, c’est pourquoi il lui faut avant tout prouver que la hiérarchie a été établie par Christ, et que la théologie est l’exposé des dogmes établis par cette même hiérarchie. Il suffit de prouver que la hiérarchie est établie par Christ et que les chefs de l’Église sont les héritiers de cette hiérarchie ; et alors, de quelque manière que l’on comprenne le sens de l’Église, les conservateurs de la vérité seront toujours ces chefs de l’Église. Aussi la théo-