Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/284

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trine recule ; la divinité et le salut de la mort viennent prendre la première place… Le principal c’est de croire en ce nouveau Dieu, et qu’il nous a sauvés. Il faut croire et prier. Cela contredit la doctrine elle-même. Mais il y a des hommes, des maîtres, qui se chargent de concilier et d’expliquer. Il appert qu’il est homme-Dieu, qu’il est la deuxième personne de la Trinité, que le péché et la malédiction pesaient sur nous et qu’il les a rachetés. Et toute la doctrine se réduit à la foi en cette rédemption. La doctrine elle-même disparaît ; elle est remplacée par la foi. Il faut avoir foi en Christ-Dieu, en la Rédemption. En cela seul est notre salut. Tant qu’à la doctrine du Christ, comme on ne peut pas la rejeter, on en fait seulement mention. On dit qu’entre autres, Christ enseignait le sacrifice et l’amour, et qu’il n’est pas mal, qu’il est même très bien de le suivre. Pourquoi le suivre ? On ne le dit pas, puisqu’en réalité ce n’est pas nécessaire pour le salut, et le salut est atteint par le ministère royal et le ministère sacerdotal du Christ, c’est-à-dire du fait même de la rédemption.

De nouveau la même chose comme avec le péché originel et la déification du Christ. Le dogme de la rédemption, idée vraie, mais évidemment comprise grossièrement, à la lettre, est transformé en une doctrine, et il est interdit de comprendre autrement que le veut l’Église. Avec un certain effort, en me rappelant mon enfance et quelques