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Après cela viennent les preuves de l’Apocalypse, et des Épîtres des Apôtres, c’est-à-dire des écrits que l’Église a compilés et corrigés quand déjà elle professait le dogme de la rédemption. Même dans ces livres, on ne voit pas l’affirmation du dogme. On trouve seulement, par endroits, quelques expressions vagues, dont sont pleins tous ces messages, expressions qu’on peut grossièrement interpréter dans le sens du dogme, comme l’ont fait les Pères de l’Église, et encore pas ceux des premiers siècles. Il faut lire l’histoire de l’Église pour se convaincre que les premiers chrétiens n’avaient aucune notion de ces dogmes. Ainsi par exemple :

L’apôtre Pierre donne cet ordre aux chrétiens : « Ayez soin de vivre dans la crainte durant le temps que vous demeurez sur la terre, sachant que ce n’a point été par des choses corruptibles, l’or ou l’argent, que vous avez été rachetés de l’illusion où vous viviez à l’exemple de vos pères, mais par le précieux sang du Christ, comme l’Agneau sans tache et sans défaut ». (i, Pierre, i, 17, 19) (p. 162).

Pierre dit qu’on ne peut se corriger que par la foi dans la doctrine confirmée par la mort d’un innocent, comme l’agneau. Et on prend cela pour l’affirmation du dogme de la rédemption.

« Jésus-Christ a souffert pour vous, vous laissant un exemple afin que vous marchiez sur ses pas…, lui-même a porté nos péchés en son corps sur la croix, enfin qu’étant morts au péché nous vivions à la jus-