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Disant adieu à ses disciples, le calice de vin et le pain à la main, il leur dit que c’est la dernière fois qu’il soupe avec eux, qu’il mourra bientôt. Souvenez-vous de moi quand vous boirez le vin et mangerez le pain, leur dit-il. Au vin, souvenez-vous de mon sang qui coulera pour que vous viviez sans péché ; au pain, de mon corps que je donne pour vous. Où est ici la rédemption ? Il mourra, versera son sang, souffrira pour l’humanité. C’est l’expression la plus ordinaire. Les paysans disent toujours des martyrs ou des saints : « Ils prient pour nous, ils travaillent, et souffrent. » Et cette expression signifie simplement que les justes excusent devant Dieu les hommes injustes et méchants. C’est peu. De l’évangile de saint Jean on cite comme preuve le raisonnement suivant de l’auteur à propos des paroles de Caïphe :

« Or il ne disait pas ceci de lui-même, mais étant grand-prêtre cette année-là, il prophétisa que Jésus devait mourir pour la nation, et non seulement pour cette nation, mais aussi pour rassembler et réunir les enfants de Dieu qui étaient dispersés » (Jean, xi, 51, 52) (p. 162).

Évidemment l’évangile ne fournit plus aucune indication, si l’auteur en est réduit à citer de pareilles paroles : Caïphe prédisant la rédemption, et après, tuant Christ.

Voilà donc tout ce que l’Évangile fournit de preuves de la rédemption du genre humain par Jésus-Christ.